Trump, Clinton, Kennedy… Les scandales sexuels qui entourent les présidents américains sont légion
Donald Trump s’est-il rendu coupable de falsification de documents comptables pour cacher un paiement à Stormy Daniels ? L’ancienne star du porno avait révélé, en pleine campagne présidentielle de 2016, qu’elle aurait eu dix ans plus tôt une relation sexuelle avec le candidat républicain. Ce dernier aurait ensuite tenter d’acheter son silence via 130.000 dollards maquillés en frais juridiques, pour une relation qu’il dément. Un tribunal de l’Etat de New York se penche sur la question à partir de ce lundi et pour de longues semaines. C’est la première fois qu’un président américain est traîné dans un tribunal pénal. Mais ce n’est pas la première fois qu’un président américain trempe dans des scandales sexuels.
Donald Trump lui-même a sur le dos d’autres allégations de liaisons. Sans compter le fameux enregistrement « Acces Hollywood », sorti en pleine campagne en 2016, où le candidat républicain d’alors indique que quand vous êtes une star, les femmes « vous laissent tout faire ». « Vous pouvez les attraper par la chatte »
Des carrières détruites ou presque
Dans le registre, l’affaire Bill Clinton tient une place de choix. Enfin, l’affaire… les affaires. Affaire Monica Lewinsky, affaire Paula Jones, affaire Juanita Broaddrick, affaire Gennifer Flowers… Les cas autour de l’ancien président, parfois très différents certes, ne manquent pas. La plus connue est bien entendue la première, « qui a bien failli lui coûter sa carrière et sa présidence », rappelle la politologue et spécialiste des Etats-Unis Nicole Bacharan.
Pour rappel, le président américain, à l’époque en fonction, était accusé d’avoir eu des relations sexuelles avec une stagiaire de la Maison-Blanche, Monica Lewinsky. Bill Clinton nie pendant de longs mois avant de devoir faire acte de contrition à la télévision devant des millions d’Américains. Une procédure de destitution est engagée, qui échoue.
«Une arme de guerre politique»
Et puis John Kennedy est connu pour avoir eu de nombreuses « affair » avec d’autres femmes que Jacqueline Kennedy. Enfin, « connu » : on ne l’a surtout su qu’après sa mort. « Kennedy avait des pratiques qui seraient intolérables aujourd’hui mais personne ne le savait publiquement, rappelle Nicole Bacharan. Les journalistes et leurs patrons pensaient que ce n’était pas quelque chose de publiable. »
L’Amérique des années 1960 n’était pas forcément moins regardante sur les mœurs de ses dirigeants. Mais ce type d’informations n’était pas encore vu comme « une arme de guerre politique ». C’est en 1988 que cela change : Gary Hart, ancien sénateur du Colorado, est le grand favori de la primaire démocrate. Il est même le favori de l’élection présidentielle… Il n’ira même pas jusqu’à la fin des primaires. En cause : une affaire d’adultère, qu’il nie, avant que des photos ne soient révélées.
Des hommes de pouvoir
« La tradition morale puritaine des Etats-Unis fait que les affaires sexuelles sont plus utilisées par les médias, et surtout les rivaux, comme des outils pour démolir publiquement un adversaire », note Nicole Bacharan. Et si ça a continué, c’est que c’est sacrément efficace. Depuis, il y en a eu beaucoup, à divers niveaux de pouvoir. Sous forme de révélation d’adultère ou de révélation d’homosexualité d’élus républicains conservateurs. En 1992, Bill Clinton fait face au même type d’attaque que Gary Hart quatre ans plus tôt avec les révélations de Gennifer Flowers. Elles n’auront pas le même effet… car les allégations d’adultère n’ont pu être prouvées que bien plus tard.
« Le fait que ce soit des hommes de pouvoir est central dans toutes ces affaires », affirme Nicole Bacharan. Quand on a du pouvoir, on s’autorise peut-être plus de choses. « On le voit bien dans d’autres domaines que la politique, quand on a du pouvoir dans le cinéma par exemple », ajoute la politologue. En politique, les présidents « ne sont rapidement plus entourés que de courtisans et admettent mal la contradiction ».
Notons quand même qu’à chaque fois, que ce soit l’affaire Gary Hart, l’affaire Lewinsky ou encore l’affaire Stormy Daniels , c’est le mensonge, le parjure ou l’obstruction à la justice qui semblent être le plus reprochés aux accusés. C’est, selon Nicole Bacharan, le signe d’une grande hypocrisie américaine : « A l’époque de l’affaire Lewinsky, qui paraissait être la fin du monde, j’en avais tiré la conclusion que la question du mensonge était un affreux prétexte pour dire ''mais non, nous ne sommes pas d’affreux puritains qui sanctionnons extrêmement durement l’adultère, il s’agit juste du respect des règles''. »
Mœurs européennes
Les scandales sexuels ou les violences sexuelles en politique ne sont bien sûr pas un phénomène « américain ». Le Vieux continent a son lot. Mais force est de constater qu’ils sont traités très différemment. En Italie, les différents dossiers qui ont touché Silvio Berlusconi , comme l’affaire Ruby, ont plus accompagné que provoqué sa chute, alors qu’il était déjà très impopulaire. En France, lors de l’affaire Griveaux par exemple, les réactions de la classe politique ont plutôt été celles de la compassion pour un concurrent tombé dans un piège que de la dénonciation d’un ministre assez léger pour envoyer une vidéo à caractère sexuel à sa maîtresse.
Mais le cas le plus symbolique est sans doute celui de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, en 2011. A l’époque, une partie de la classe politique française avait précisément dénoncé dans les premières heures le « puritanisme » américain. « Ceux qui disaient ça ont sans doute voulu faire comprendre qu’en France, il s’en serait tiré. Ce qui est probablement vrai, cingle Nicole Bacharan. Le comportement de DSK était connu en France et de fait, c’est son passage aux Etats-Unis qui lui a été fatal. »
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