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Carte blanche à Coutechève Lavoie Aupont



Le rendez-vous hebdomadaire Poésies en folie a accueilli, aux jardins de Radio Télé Kiskeya, le jeudi 23 mars 2023, le poète Coutechève Lavoie Aupont. En dépit du climat de terreur qui régne dans la capitale haïtienne, le public a répondu à l'appel. Cette rencontre conduite par Evens Dossous a été très animée. C'est aussi une preuve que la poésie résiste encore. Elle résiste à la peur, au désespoir, aux rafales d'armes automatiques qui sèment le deuil et le chaos.


Vêtu d'une chemise bleu, jeans noir, basket, c'est un Coutechève Lavoie Aupont décontracté qui s'est confié, dans les jardins de Kiskeya, ce jeudi, au public, dans le cadre du rendez-vous hebdomadaire Poésies en folie. Au cours de son intervention, le poète s'est entetenu avec l'assistance autour de son parcours d'auteur, ses rapports avec la littérature. Il a aussi exposé son travail d'éditeur et surtout sa conception de la poésie.


Comédien, photographe, nouvelliste, Coutechève est surtout connu comme poète." Je développe des rapports avec les autres genres littéraires ( roman, nouvelle, théâtre... ). Mais, je m'intéresse particulièrement à la poésie. J'écris surtout de la poésie et je lis aussi des gens qui produisent des textes poétiques, notamment aux éditions Ruptures où j'effectue un travail de relecture des œuvres avant leur publication ", a confié l''auteur.

Coutechève Lavoie Aupont a un parcours d'écriture. Le cheminement de sa carrière d'auteur se traduit dans ses lectures, ses rencontres et les influences qui l'entrainent dans son monde de création au fil des ans. " Ma première influence remonte à mon passage à l'Atelier créations de Marcel Gilbert où je suis initié à la lecture des œuvres de grands auteurs, dont Arthur Rimbaud, Frankétienne, Stéphane Mallarmé, Villon ... Mais, je vais surtout m'intéresser à René Philotecte pour son ancrage. J'ai deux admirateurs dans ma vie: René Dépestre et René Philoctète ", souligne le poète.

Coutechève a aussi évoqué le rapport qu'entretient l'auteur avec son lecteur. Pour Coutechève, le lecteur participe aussi à la construction de l'œuvre. Selon l'auteur de " Tras silans ", la poésie doit également se rendre compte de la réalité que vit le lecteur. C'est ce qu'on appelle l'altérité. L'auteur doit tenir et rendre compte au lecteur ", soutient monsieur Aupont


" L'écriture de la poésie est liée à ce que l'auteur veut exprimer, mais aussi au système et le style qu'il veut partager et expérimenter ", avance Coutechève qui se dit fasciné par la façon dont l'auteur construit son texte, la langue qu'il crée et la fusion qui s'effectue entre la réalité et son écriture.


" Comment Bonel Auguste arrive-t-il à produire, dans «Fas doub lanmò», un discours sur la mort sans chercher des mots d'outre-tombe ? Ou encore la manière dont Frankétienne a réussi à créer une poésie aussi saccadée avec une musicalité aérienne qui vous fait intéresser davantage à ce rythme, ses gammes lexicales plus que le sens des mots ? Comment René Dépestre peut-il écrire une poésie forte, engagée et patriotique à la fois ? Ou encore comment René Philoctète peut-il, au-delà de la réalité douleureusse, prendre ce que le pays peut lui apporter comme image et force et qui tend vers une humanité ? La poésie de Coutechève est aussi traversée par ce même lieu d'ancrage.

« Je regarde sombrer à l’horizon de ce pays

cette ville

cette rue

pourtant j’aime

et j’aime surtout quand Port-au-Prince s’égoutte dans les pages liquides ».

Né le 16 octobre 1982, en Haïti, Coutechève Lavoie Aupont est comédien, photographe, journaliste, éditeur et poète. Auteur de plusieurs recueils de poèmes, dont « Le doute de la main » ( Prix René Phimotecte, 2916 ), « Tras silans », « Make pa » ( Prix Dominique Batraville, 2016 ), il a pris grand plaisir de signer pour ses lecteurs quelques-uns de ses ouvrages. On citera «Taking Leaving», traduction anglaise de son premier recueil « Partances », et « Tras silans ».

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