Une Française de 34 ans, revenante de Syrie, a été mise en examen le 14 mars pour génocide et crime contre l'humanité, a appris RFI ce week-end, confirmant une information du Parisien. Sonia M., ex-épouse d'Abdelnasser Benyoucef, l'un des commanditaires de l'attentat de l'Hyper Cacher, est soupçonnée d'avoir réduit en esclavage une jeune femme de confession Yézidie, cette minorité religieuse persécutée par l'État Islamique.
Capturée en Irak en août 2014, Roza* a 16 ans quand elle est vendue par un émir saoudien de l'organisation État islamique à Abdelnasser Benyoucef. Selon son avocat Romain Ruiz, l'adolescente va habiter un peu plus d'un mois avec lui et Sonia M., au printemps 2015, à Raqqa, en Syrie. L'homme la violait régulièrement au su de sa femme, rapporte Roza, entendue en février à Erbil en présence d'un magistrat français. Sonia M., qui portait une arme, l'a séquestrée, exploitée, violentée et lui interdisait de se nourrir ou se laver sans autorisation, dénonce-t-elle.
Sonia M., qui est « une repentie convaincue » et « collabore activement avec la justice », souligne son avocat, conteste fermement ces accusations. « Elle a eu connaissance d'un seul viol, qu'elle a désapprouvé. Mais elle-même était sous contrainte totale de son mari, elle ne pouvait dire mot sur la manière dont elle était traitée, donc encore moins sur le sort de cette jeune fille », poursuit maitre Boudi, qui dénonce des « accusations opportunistes ».
« Cette jeune femme n'a jamais parlé de Sonia parmi les personnes qui l'ont maltraitée avant que Sonia elle-même n'évoque sa situation devant la justice », affirme-t-il. Me Ruiz espère lui que « la France se donne les moyens de rendre réellement justice » à Roza, non seulement par la tenue d'un procès, mais aussi « en créant un fonds d'indemnisation des victimes de crimes contre l'humanité », qui lui « permette d'envisager un avenir ». Si un procès est ordonné, ce serait le premier procès d'une revenante pour crime contre l'humanité en France.
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