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Jean Michel Lapin: « Je n’ai pas été écouté»



Parce que Port-au-Prince, la capitale politique et économique du pays, est assiégé, depuis plus de trente-six (36) mois, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest par des bandes armées à la solde d’une industrie criminelle méconnue.


Parce que Port-au-Prince, la capitale politique et économique du pays, est assiégé, depuis plus de trente-six (36) mois, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest par des bandes armées à la solde d’une industrie criminelle méconnue.

Parce que le département de l’Artibonite, la zone potentiel pour le développement agricole du pays, est aussi assiégé par des bandes armées, de St-Marc jusqu’à Liancourt.

Parce que 4.9 Millions d’habitants, composés d’enfants, de jeunes, de vieillards, d’handicapés, de détenus, sont en situation d’insécurité alimentaire. Soit près de la moitié de la population.


Parce que la côte des Arcadins, de Canaan jusqu’à Pierre Payen, la plus grande destination touristique du pays est devenue aujourd’hui, une zone de non droit où retentissent régulièrement les détonations funèbres.


Parce que les communautés des palmes, les départements du sud, de la Grand-Anse, et des Nippes sont coupés d’accès au département de l’Ouest.

Parce que l’Etat, dans sa configuration actuelle, est contraint d’abandonner sa zone économique et le siège emblématique du pouvoir législatif, le bicentenaire, notre fierté commune rappelant la vision du Président Dumarsais Estimé.


Parce que les portes des écoles et des universités sont fermées.

Parce que depuis tantôt trois (3) mois le nombre des victimes est de cinq cent trente et un (531) morts et deux cent soixante-dix-sept (277) kidnappés.


Parce que, le pays tout entier fait face à une situation économique et une crise socio-politique, des plus désastreuses de toute son histoire.


Parce que la population du département de l’Ouest, particulièrement, de Fort-Jacques à Pétion-Ville, de Pernier à Delmas, de Pétion-Ville à Martissant, de Cité Soleil à Canaan en passant par Croix-des-Bouquets, vivant dans tous les coins et recoins des villes et communes, est désemparée, épuisée et abandonnée à son sort.


Parce que la communauté internationale, s’accroche à l’idée d’un consensus Haïtien, sur la base constructive du dialogue et du dépassement de soi, pour résoudre la crise.


Parce qu’aussi, de Juillet 2021 à date, les démarches politiques n’ont accouché que deux (2) accords qui ne sont pas parvenu à résoudre la crise et prouvant en fait << Que la parole politique ne vaut plus rien dans ce pays>>.

Parce qu’enfin l’Exécutif, dans sa configuration exceptionnelle de l’heure, s’est montrée impuissante et voire incompétente face à ce problème de sécurité publique, dont il a la responsabilité.

Fort de tout cela, il y a tantôt quinze (15) jours, j’avais recommandé, en ma qualité de citoyen libre et indépendant, un gouvernement de crise avec des hommes et des femmes d’expérience de la gestion de la chose publique, animés de l’idéal du sentiment d’appartenance nationale.


Un gouvernement d’austérité, déclarant l’Etat de siège, afin de donner beaucoup plus de moyen financier et de protection judiciaire aux forces de l’ordre.


Un gouvernement fort, ayant comme priorité la sécurité publique avec des hommes d’expérience et de métier au niveau des Ministères de la Justice, de l’Intérieur, de la Défense et la Secrétairerie d’Etat à la Sécurité Publique. Ce, afin d’avoir un CSPN avisé, pouvant apporter un souffle nouveau à la dynamique et l’orientation de la politique de Sécurité Publique du Gouvernement. Compte tenu du fait que la Sécurité Publique doit être permanente et transversale aux différentes composantes de fonctionnement de la société, et ne doit et ne devra être l’objet d’aucun accord politique.

Un gouvernement fort qui s’adonnera en priorité aux actions suivantes :

  1. La réorganisation administrative de la PNH.

  2. Le renforcement des capacités opérationnelles PNH / FAD’H.

  3. Le renforcement des capacités opérationnelles de l’ONI.

  4. La création d’un Conseil Electoral provisoire suivant l’orientation de la Constitution de 1987.

  5. La redéfinition des responsabilités du Haut Conseil de Transition.

  6. L’implication de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, en tant qu’organe indépendant de contrôle, légalement prévu par la constitution.

  7. Un programme de support au fonctionnement réel du pouvoir judiciaire.

  8. Un programme de support aux partis politiques.

  9. Etablir de nouveaux partenariats avec les rectorats des universités, les églises, les écoles, les collectivités territoriales, les lakous, et certaines associations de la société civile, pour l’orientation et l’exécution des programmes d’apaisement social du gouvernement

  10. Le fonctionnement des structures sanitaires, afin d’offrir les soins de santé aux familles en situation économique difficile.

Des actions réelles, aux fins de rétablir la sécurité publique, d’obtenir un climat stable et apaisé, d’améliorer la gestion des administrations, dans la dynamique d’une gouvernance équilibrée et transparente, de réaliser la réforme constitutionnelle, organiser les élections libres honnêtes et démocratiques, aux fins de rétablir l’Etat dans son format constitutionnel : l‘Exécutif, le Législatif et le Judiciaire’’. Donc un leadership éclairé et responsable.


Je n’ai pas été écouté. L’université d’Etat d’Haïti, le Collectif du 4 Décembre, la Presse, les Eglises, les Leaders d’opinion, la Diaspora, les Secteurs Economiques et la Société Civile, le Peuple tout entier, en plein désarroi, n’ont pas été écoutés. Ce qui exprime ainsi le mépris et l’indifférence du gouvernement à l’égard du bien-être collectif . Que ce comportement soit compris et apprécié à sa juste valeur.

Jean-Michel Lapin

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