Slimane a participé samedi à Amsterdam à l’événement Eurovision in Concert.
A moins d’un mois de la finale de l'Eurovision qui se tiendra le 11 mai à Malmö (Suède), Slimane a bouclé samedi sa tournée des « préparties » avec le Eurovision in Concert à Amsterdam . Le week-end passé, il était à Barcelone et Londres. Ces événements, réunissant une grande partie des artistes en lice au concours, font office d’apéritif avant la compétition musicale suivie par quelque 100 millions de téléspectateurs.
« J’ai hâte ! Là, je n’ai qu’une envie, c’est d’être sur la scène de l’Eurovision et de chanter Mon amour », assure le chanteur qui représentera la France. 20 Minutes l’a rencontré à son hôtel, quelques heures avant qu’il interprète sa chanson dans un AFAS Live plein à craquer. Il a livré l’une des performances les plus remarquées de la soirée.
La foule de près de 6.000 personnes, où les Néerlandais étaient bien sûr majoritaires, a repris en chœur le refrain de Mon amour. De bon augure pour l’Eurovision ? Peut-être. Mais Slimane, qui poursuit sa tournée Cupidon Tour en parallèle, prévient : il veut avant tout rester concentré dans la dernière ligne droite et livrer une performance dont il pourra être fier.
L’Eurovision a lieu dans moins d’un mois. Comment vous préparez-vous ?
Je me prépare psychologiquement, bien évidemment. J’essaie de me projeter, avec de bonnes énergies, c’est important. Je suis en tournée, j’ai fait des prestations télé en Croatie, en Italie, en Belgique… Je dirais que la préparation a commencé quand ma candidature a été annoncée. Je ne suis pas en train de faire quelque chose de spécial en ce moment parce que la finale est dans un mois. On enchaîne.
Est-ce que, pour le moment, l’aventure Eurovision ressemble à ce que vous imaginiez ?
Je pense que les pré-parties ne sont pas encore ce que je vais vivre à Malmö. Je ne me dis pas « Ces concerts se passent comme ça, donc à l’Eurovision ça va être comme ça… » Mais j’imaginais quelque chose de très friendly [amical], où ça se passerait bien, qui me ferait du bien. C’est ce que je vis, donc, je suis trop content.
Qu’est-ce que vous apporte le fait de participer à ces pré-concerts ?
Cela me permet de rencontrer les autres artistes. Il est important pour moi de m’ouvrir culturellement sur les autres. Je veux voir ce qui se passe, ce qui se fait et prendre les énergies des uns et des autres. Il y a une ambiance particulièrement cool entre les artistes et je n’imaginais pas cela comme ça. C’est très friendly [amical]. C’est aussi l’occasion de partir à la rencontre du public de l’Eurovision, c’est un plaisir. Je découvre aussi d’autres manières de faire, de travailler, et c’est agréable.
Vous échangez avec les autres candidats ?
Bien sûr ! On a un groupe WhatsApp maintenant. On est tous dedans et on discute, c’est très cool.
A quoi ressemblent les discussions ? Il y a des bavards ? Des blagueurs ?
Non, vraiment, c’est très gentil, mignon. On a l’impression d’être dans un monde merveilleux et, franchement, ça fait grave du bien.
Ça aide à gérer la pression ?
L’Eurovision, c’est tellement énorme que, même entre artistes, il n’y a pas de réelle compétition. Je crois qu’on est tous tellement heureux de faire ça et qu’on a conscience qu’on va être regardés par des millions de personnes. On a tous envie de faire bien, donc il y a beaucoup de bienveillance.
L’Albanaise Besa et la Polonaise Luna ont chacune repris votre chanson, « Mon amour ». Qu’avez-vous ressenti ?
Franchement, j’ai été surpris. La première, c’était Luna. On s’est vus à Barcelone et elle m’a dit : « J’ai un truc à te faire écouter… » Tous les artistes en compétition cette année doivent faire une reprise pour la chaîne YouTube de l’Eurovision. Luna m’a dit : « Moi, c’est ça… » J’ai commencé à écouter et c’était Mon amour. Vraiment, ça m’a beaucoup touché. D’ailleurs, quand je parle de bienveillance, c’est un exemple : elle ne s’est pas dit « Je vais reprendre la chanson d’un de mes concurrents ». Ça fait trop du bien. Elle a fait une super belle reprise, donc j’étais très content.
Pour la chaîne Eurovision, vous avez proposé le « Meya rework », qui est une version dansante de « Mon amour »…
En fait, on nous demande aussi de faire une reprise de notre chanson. La plupart des autres artistes ont des up tempo donc, instinctivement, ils font des versions acoustiques de leurs titres. Mon amour, c’est déjà pratiquement un piano-voix. Je ne voyais donc pas où l’emmener. Je n’allais pas la faire encore plus dark[sombre] qu’elle ne l’est déjà (il sourit), alors j’ai pris le contrepied en l’emmenant [vers du up tempo]. C’est quelque chose qui ne me ressemble pas particulièrement artistiquement mais, au final, je suis très à l’aise et fier de cette reprise .
Est-ce que dans cette réorchestration-là, il y a des éléments qui vont être conservés pour Malmö ?
Non, c’était vraiment un exercice. Je l’ai pris comme ça. Cela permet d’avoir une autre version de la chanson mais j’ai l’impression que le message premier du morceau et son émotion sont conservés, même si elle permet de la vivre différemment.
Chanter une ballade dans une édition qui compte beaucoup de morceaux up tempo, c’est un avantage ?
Il y a eu un moment où je me suis dit : « Mais en fait tu es fou d’aller à l’Eurovision avec cette chanson ! » Quand on écoute tous les morceaux, il y a presque un « goût » Eurovision qui se détache [auquel Mon amour ne correspondrait pas]. Mais, petit à petit, en faisant les pré-parties, en rencontrant les gens, j’ai commencé à penser que c’était un avantage parce qu’elle sort du lot. Après, comme tout ce qui sort du lot, soit tu aimes à fond, soit tu détestes. Sans vantardise, que ce soit pour du bien ou pour du mal, je ne vais pas passer inaperçu.
Lors d’une performance à la télévision croate, vous aviez proposé un passage a cappella à la fin de « Mon amour », en vous reculant derrière le micro. Vous avez fait savoir que ce passage serait conservé pour l’Eurovision. Est-ce qu’il y a d’autres éléments de vos prestations télévisées de ces dernières semaines, à « The Voice Belgique » ou en Italie, qui resteront dans la scénographie ? Et est-ce un moyen de tester la réalisation ?
Je ne teste pas vraiment parce qu’on a vraiment beaucoup bossé sur la prestation de l’Eurovision. Mais je dirais qu’il y a un fil rouge. Je pense que quand les gens verront ma presta à Malmö, ils se diront, s’ils ont vu les autres prestas : « Ah mais il y avait déjà tel truc et tel truc ! » Mais il y a des choses qu’on ne révélera qu’à l’Eurovision et c’est aussi un choix.
Est-il possible d’en savoir un peu plus sur la scénographie ?
Je dirais que c’est un premier rendez-vous. Cette presta de l’Eurovision, on l’a pensée comme ça. On veut que la personne qui regarde soit en immersion avec moi.
Lorsque votre chanson a été révélée, vous aviez confié être friand des vidéos de créateurs de contenus du monde entier réagissant à « Mon amour ». Est-ce que vous continuez de regarder ce qui se dit sur les réseaux sociaux ?
De moins en moins. Là, j’essaie de me concentrer et de ne plus prendre trop d’infos pour mon cerveau sinon, je vais devenir fou (il sourit). Mais j’ai vraiment aimé ça au début. C’était une manière d’entrer dans ce monde de l’Eurovision. Là, comme le concours approche, je reste focus sur ce que je suis en train de faire.
Vous arrivez à faire abstraction des commentaires malveillants ?
Oui parce que, depuis le début, je suis dans l’idée d’être fier de moi. Je veux être fier de moi quand je vais sortir de la scène de l’Eurovision et enlever mes ears [oreillettes]. Je veux être content de ma prestation et de ce que j’ai fait. Là, ce sur quoi on travaille tous ensemble, c’est vraiment quelque chose dont je suis très fier.
« Mon amour » est disque d’or en France, elle passe en radio, votre public la chante à vos concerts… Elle est bien identifiée avant même que le concours ait lieu, ce qui n’était pas arrivé depuis très longtemps pour une chanson française de l’Eurovision. Vous sentez qu’il y a une attente particulière avec votre candidature ?
Je ne sais pas. J’ai l’impression que tout le monde a tellement conscience qu’on n’a pas gagné depuis très longtemps [en 1977 avec l'oiseau et l'enfant de Marie Myriam que j’ai presque le sentiment qu’on ne m’en demande pas trop, donc ça me rassure (il rit). Cela me fait moins de pression. Après, là où je suis content, c’est que Mon amour, quoi qu’il se passe à l’Eurovision, a eu son histoire et aura son histoire. C’est pour cela qu’on l’a sortie aussi tôt. Je dis tout le temps que, de toute façon, ce sont les chansons qui restent. En tout cas, je suis très heureux de ce qu’il se passe avec Mon amour.
Que diriez-vous au public français qui attend de vous voir à l’Eurovision et espère un bon classement ?
Que je vais tout donner, que je ferai mon maximum – que je fais déjà mon maximum actuellement (il sourit). Envoyez-moi vos bonnes énergies, soyez en famille, entre amis et faites la fête. Regardez-nous, passez un bon moment. Je pense qu’on en a tous besoin.
En révélant votre chanson, vous aviez raconté que « Mon amour » était l’histoire d’un cœur brisé et inspirée de ce que vous avez vécu. Est-ce que la personne qui vous a inspiré le texte s’est reconnue ?
Je pense que l’on se reconnaît toujours quand quelqu’un nous envoie une lettre d’amour. Mais c’est toujours la chanson d'un cœur brisé . J’ai toujours le cœur brisé. Je la chanterais avec le cœur brisé et je crois que c’est aussi ce qui fait que l’interprétation fonctionne.
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