La sélection du jury doit commencer le 15 avril, et des centaines d’habitants de Manhattan ont reçu une convocation à se présenter au tribunal
Une grosse pression pour ces futurs jurés. Un groupe de New-Yorkais anonymes est convoqué lundi prochain, le 15 avril, dans un tribunal de Manhattan pour y officier comme jurés, un devoir civique banal sauf que celui-ci s’annonce historique. L’affaire qui les appelle est en effet inédite : il s’agit du tout premier procès pénal d'un ancien président américain.
Donald Trump est visé par 34 chefs d’accusation pour falsification présumée de documents ayant servi, selon le procureur, à dissimuler un versement d’argent à une vedette du cinéma X, Stormy Daniels, pour lui acheter son silence avant l’élection présidentielle de 2016. Le républicain, de nouveau candidat à la Maison Blanche, nie toute relation sexuelle avec Stormy Daniels et dément tout accord de confidentialité frauduleux avec l’actrice.
Sélection des douze jurés à partir du 15 avril
Le dossier s’intitule « Le peuple de l’Etat de New York contre Donald J. Trump ». La sélection du jury doit commencer la semaine prochaine et des centaines d’habitants de Manhattan ont reçu une convocation à se présenter au tribunal. Parmi eux, douze jurés et jusqu’à six suppléants seront choisis, le procès étant prévu pour durer jusqu’à six semaines.
Chaque juré potentiel, tiré au hasard sur une liste publique de résidents, remplira un questionnaire détaillé et se soumettra à un processus de sélection appelé « voir dire », selon une terminologie juridique ayant conservé ces mots issus de l’ancien français. Leur verdict devra être unanime, d’où l’importance que revêt chacun d’entre eux.
Les New-Yorkais, majoritairement démocrates
Les procureurs poursuivant Donald Trump, tout comme les avocats défendant le septuagénaire, chercheront à savoir à tout prix de quel côté les jurés penchent politiquement, sachant que les New-Yorkais ont voté massivement pour les démocrates Hillary Clinton et Joe Biden , respectivement en 2016 et 2020.
A l’opposé, bien que né à New York et y ayant bâti son empire immobilier, Donald Trump reste une figure pour le moins controversée dans la mégapole. « Manahattan a une longue histoire avec Donald Trump », rappelle Leslie Ellis, une juriste et psychologue experte en jurys. « Pas seulement du fait de sa présidence et du temps après sa présidence, mais aussi du fait de son expérience dans l’immobilier et les affaires à New York auparavant. »
C’est notamment pour cela que les avocats de l’ancien président ont tenté, en vain, de retarder le procès. Selon eux, les jurés à New York auraient été exposés à « une énorme couverture médiatique partiale et injuste ».
Trump dénonce une « chasse aux sorcières »
Visé par plusieurs autres procédures judiciaires, M. Trump, 77 ans, ne cesse de dénoncer une « chasse aux sorcières » menée selon lui par des procureurs et juges démocrates qui cherchent à faire dérailler sa campagne pour reconquérir la Maison-Blanche en novembre.
« De nombreux jurés potentiels croient déjà, à tort, que le président Trump est coupable », ont affirmé les conseils du candidat, dans un argumentaire transmis au juge Juan Merchan, qui présidera les audiences.
Mais le procureur du district, Alvin Bragg, qui a porté plainte contre Donald Trump, balaie cette idée. « Etant donné la taille du comté de New York, il est absurde pour l’accusé d’affirmer qu’il sera impossible ou irréalisable de trouver une douzaine de jurés justes et impartiaux, ainsi que des suppléants, parmi plus d’un million de personnes », a déclaré Alvin Bragg.
Les noms des jurés gardés secrets
La constitution du jury s’annonce de toute façon plus compliquée que d’habitude. Le juge Merchan a déjà décidé que les noms des membres du jury seraient gardés secrets en raison de la « probabilité de corruption, de manipulation du jury, de blessures physiques ou de harcèlement ».
Le magistrat a également averti Donald Trump que, s’il violait son ordonnance lui imposant le silence hors des débats, lui interdisant notamment de critiquer des témoins ou les employés du tribunal, alors il pourrait décider de ne pas transmettre les noms des jurés à ses avocats.
Possibilité de récuser des jurés
Une telle décision handicaperait la défense de Donald Trump, en limitant sa capacité de recherche d’informations sur un juré potentiel, en dehors des questions posées lors du « voir dire ». Tout comme les procureurs, les avocats de l’ancien homme d’affaires disposeront de la possibilité de récuser préventivement tel ou tel juré.
Selon Leslie Ellis, même si cela peut sembler difficile à croire concernant une personnalité aussi en vue que Donald Trump, il y aura certainement des jurés potentiels qui assureront, de bonne foi, ne pas savoir grand-chose de l’affaire.
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