La 38e édition du Festival international Nuits d’Afrique s’est terminée dimanche soir par la promesse, tenue, d’un grand concert offert par la star haïtienne Rutshelle Guillaume. Une foule monstre avait convergé au Parterre du Quartier des spectacles pour accueillir la musicienne, à qui le festival devait remettre lundi, lors d’une cérémonie à l’hôtel de ville de Montréal, le prix Nuits d’Afrique pour la Francophonie « décerné à un artiste au rayonnement international, qui incarne une vision rassembleuse de la Francophonie et de la diversité des expressions culturelles de l’Espace francophone international ».
Peu après avoir quitté la scène après plus de 90 minutes de chansons dansantes, Rutshelle Guillaume a dévoilé sur les réseaux sociaux qu’elle était la nouvelle lauréate du prix créé en 2016 et décerné par le festival en partenariat avec le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec et la Ville de Montréal.
« Cette reconnaissance, c’est grâce à vous, mes chers compatriotes ! » écrivait celle qui s’était présentée sur scène drapée du bicolore haïtien. Il y avait de la fierté dans l’air du centre-ville, et le drapeau national est demeuré toute la soirée bien en vue, noué au pied de microphone de Rutshelle, qui avait autour d’elle un rutilant orchestre gonflé par la présence de trois cuivres et de deux percussionnistes.
Après une introduction instrumentale sur laquelle se sont démenées ses quatre danseuses, Rutshelle a lancé son récital sur le rythme serré de Je suis, tiré de son premier album Émotions (2014), assortie d’orchestrations modernisées faisant un clin d’oeil à un succès de Beyoncé. Les deux suivantes, lentes et suaves chansons soul-R&B, servaient à mettre en valeur la voix, souple et forte, de la musicienne.
« Est-ce qu’il y a des Haïtiens dans la place ? » a-t-elle demandé. « Des fanatiques Rutshelle ? » La place en était bondée, les admirateurs filmant avec leurs téléphones portables les premières séquences de cette soirée qui débutait certes tout en douceur, mais qui allait assurément gagner en énergie. Passé ce premier quart bien coulant, Rutshelle a déployé ses ailes, démontrant la polyvalence musicale qui lui sert si bien en butinant de la pop-R&B au zouk et au soukouss avec lesquels elle assaisonne le kompa.
Premier invité surprise de la soirée : le vétéran chanteur et rappeur BIC, le « feu ardent » de la scène musicale créole, servant ses rimes aux côtés de son amie. Sans rien vouloir enlever à cette performance, le public se souviendra encore mieux de l’apparition de la deuxième invitée : en plein milieu du concert, Rutshelle chantait son récent succès Kè m Nan Men w, lorsqu’elle remarqua une jeune fan semblant la connaître par coeur. La fillette ne devait pas avoir beaucoup plus de 10 ans ; on l’a hissée sur scène, et cette ritournelle kompa-R&B à la mélodie agile est devenue un duo, Rutshelle laissant même son micro dans les mains de son admiratrice, qui se souviendra toute sa vie de ce moment !
Jusqu’à Rete La, offerte en fin de spectacle, Rutshelle Guillaume a charmé le public des Nuits d’Afrique avec sa voix scintillante et sa puissante présence scénique. En début de soirée, l’orchestre de musiques cubaines Septeto de Montréal (sous la direction de Julio de Armas) avait le bon tempo pour faire patienter le public jusqu’à l’arrivée de la tête d’affiche, qui a continué à se déhancher jusqu’à la fin des festivités.
Comments