Les défenseurs de l’acteur de 66 ans invoquent plutôt une « indicible et imprévisible tragédie »
Ça commence mal pour Alec Baldwin : dès le second jour de son procès – qui s’est ouvert , mardi 9 juillet , à Santa Fe (Nouveau-Mexique) –, l’acteur a été accusé d’avoir « violé les règles fondamentales » de sécurité lors du tir qui a tué Halyna Hutchins , la directrice de la photographie de son film Rust , en octobre 2021.
Poursuivi pour homicide involontaire , le comédien de 66 ans risque jusqu’à 18 mois d’emprisonnement pour avoir, sur le tournage , brandi une arme en principe chargée à blanc mais qui avait tiré un projectile bien réel, tuant Mme Hutchins et blessant le réalisateur, Joel Souza.
Alec Baldwin, « une vedette capricieuse »
Devant le tribunal de Santa Fe, capitale de l’État, et à l’ouverture des débats, mercredi 11 juillet, la procureure Erlinda Ocampo Johnson a présenté l’accusé comme « une vedette capricieuse ayant négligé les règles de sécurité de base sur le maniement des armes ».
L’acteur a joué à « faire semblant avec un vrai pistolet et violé les règles fondamentales de sécurisation des armes à feu », a-t-elle déclaré à l’intention du jury, ajoutant qu’il avait « réclamé qu’on lui attribue le plus gros pistolet disponible, qu’il armait ou pointait régulièrement sur des membres de l’équipe ».
Alec Baldwin, vêtu d’un costume sombre, assistait à l’audience en compagnie de sa femme Hilaria et de l’un de ses frères, Stephen , également acteur Une prise de parole de sa part à l’audience est très incertaine.
L’armurière accusée… mais déjà condamnée
« Il n’y aura aucun témoin ni aucune bribe de preuve dans ce procès pour dire qu’Alec savait ou aurait dû savoir que le pistolet contenait une balle réelle », a martelé son avocat Alex Spiro, pointant la responsabilité de l’armurière du film, Hannah Gutierrez-Reed , et du premier assistant, David Halls.
La première, qui avait placé la balle dans la reproduction du pistolet d’époque utilisée par Alec Baldwin, a été condamnée en avril par le même tribunal à 18 mois d’emprisonnement (ferme) et le second a plaidé coupable de négligence afin d’éviter de la prison ferme.
L’avocat a déploré « une indicible tragédie ». « Ceci était tout sauf prévisible », a-t-il affirmé, soulignant que l’accusation aurait la lourde tâche de prouver le contraire.
Droits et manquements
Les premiers témoins cités par l’accusation sont des policiers arrivés sur les lieux du drame . Des images de leurs caméras-piétons ont été projetées à l’audience, dont des scènes poignantes des derniers instants d’Halyna Hutchins. La mort de cette talentueuse directrice de la photographie de 42 ans originaire d’Ukraine a profondément choqué l’industrie du cinéma .
L’acteur a toujours expliqué qu’on lui avait assuré que l’arme était inoffensive et nie avoir appuyé sur la détente – un point sur lequel la défense est partiellement revenue mercredi. « Sur un tournage , on a le droit d’appuyer sur la détente, a déclaré son avocat. Donc même s’il a volontairement appuyé sur la détente (…) ça ne le rend pas coupable d’homicide ».
Une défense très agressive
La Défense affirme que les procureurs tentent de se faire un nom aux dépens d’une star d’Hollywood , dans une affaire suivie par les médias du monde entier. Et l’enquête n’a jamais établi comment des munitions réelles – en principe interdites – ont atterri sur le plateau : « c’est la clé » du dossier, a estimé M. Spiro.
L’accusation estime en outre l’acteur à « éhontément menti » faisant évoluer sa version des faits après son premier interrogatoire. Elle juge l’hypothèse d’un tir accidentel, au cœur de sa ligne de défense, « absurde ». Une expertise de la police fédérale américaine, le FBI , avait d’ailleurs conclu que le pistolet n’avait pas pu faire feu sans une pression sur la détente.
Les audiences doivent durer jusqu’au 19 juillet, avant les délibérations des jurés. Et le verdict sera scruté de près car une condamnation créerait un précédent susceptible de dissuader d’autres acteurs d’utiliser des armes réelles en tournage.
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